Nanocar Race II : Amphis de présentation aux lycées français de Tokyo et Kyoto

Cet article est la version longue d’un compte-rendu de ces événements dans le bulletin n°9 du bureau CNRS de Tokyo, paru en novembre 2021.

Logo of Nanocar Race II

La Course internationale de nanovoitures (Nanocar Race) est une compétition scientifique où une dizaine de molécules d’une taille de quelques nanomètres chacune (milliardièmes de mètres), conçues dans différents pays, font la course sur une piste de 100 nanomètres.

Ce défi scientifique met en œuvre de la chimie de synthèse et des phénomènes physiques avancés : conception et synthèse de molécules-voitures, microscopie à effet tunnel haute résolution et technologie de conduite d’une molécule-voiture sur une surface.

Après une première édition en avril 2017 qui a réuni plus de 100 000 spectateurs sur YouTube, la seconde course sera organisée en mars 2022 dans le cadre du projet européen MEMO (Mechanics with Molecules, Horizon 2020). La Nanocar Race II, qui voit « s’affronter » des molécules françaises, espagnoles, japonaises, allemandes, ou encore américaines, pourra être suivie du monde entier sur Internet.

Deux nanovoitures en compétition impliquent des chercheurs japonais : l’une conçue au NIMS (National Institute of Materials Science, à Tsukuba) et l’autre préparée conjointement par le NAIST (Nara Institute of Science et Technology, à Nara) et le CEMES (Centre d’Elaboration des Matériaux et d’Etudes Structurales, UPR8011 du CNRS à l’Université Paul-Sabatier de Toulouse).

En amont de cette course, l’ambassade de France au Japon et le CNRS ont organisé les 12 et 14 octobre deux moments de rencontre entre d’une part le chercheur concepteur de cette course, Dr. Christian Joachim, et les chercheurs japonais et français impliqués dans la compétition, et d’autre part des élèves des Lycées Français Internationaux de Tokyo et de Kyoto ainsi que leurs professeurs lors de visio-conférences interactives.

 

Echanges avec les élèves du lycée français de Tokyo

Le 12 octobre, une cinquantaine d’élèves de première du lycée français de Tokyo, ainsi que leurs professeurs de sciences physiques et de numérique-sciences informatiques, ont rencontré en visio-conférence Christian Joachim et Tomonobu Nakayama, directeur de l’équipe japonaise au NIMS-MANA (International Center for Materials Nanoarchitectonics).

Après avoir présenté l’historique et le concept de la course, Christian Joachim s’est attaché à décrire plusieurs notions de physique mises en œuvre. Pour observer une seule molécule sur une surface avec une précision de quelques picomètres, un simple microscope optique (dont la résolution est limitée aux objets de plus d’un micron) ou même électronique (qui utilisent des électrons en guise de source de lumière) ne suffit pas : les chercheurs ont besoin d’un microscope à effet tunnel (en anglais, scanning tunneling microscope ou STM). Quand la pointe du microscope s’approche très près de la surface, un courant dit « tunnel » de l’ordre de 1 nanoampère s’établit pour une tension de 1 volt appliquée. En l’amplifiant, on parvient à construire l’image observée, ligne par ligne, puis à la reconstituer avec des couleurs artificielles. Cela permet également d’écrire atome par atome, molécule par molécule. Ces manipulations nécessitent d’être réalisées à une température très basse, proche du zéro absolu (-273 degrés), pour éviter que les atomes ne soient excités de façon aléatoire par la chaleur de la surface.

Microscope à effet tunnel du CEMES à Toulouse

Microscope à effet tunnel du CEMES à Toulouse. Crédits : CEMES.

Le chercheur du CEMES a ensuite détaillé les différents éléments nécessaires pour réaliser une course de voitures à l’échelle nanométrique. La « piste » sur laquelle les molécules courent est une pastille d’or de 8 millimètres de diamètre, qu’il faut nettoyer en profondeur pour éviter tout obstacle atomique. Les nanovoitures sont transportées sur cette pastille à l’état de poudre chauffée au travers d’un masque, pour éviter d’en éparpiller sur toute la piste ; il y a beaucoup de déchets, c’est-à-dire de molécules qui se cassent, mais on arrive habituellement à en trouver une ou deux par quelques 100 nm² qui sont toujours en état de fonctionnement. Puis il s’agit de conduire la nanovoiture : en appliquant une tension intermittente à la molécule à l’aide de la pointe du microscope à effet tunnel, on arrive à la faire avancer d’environ 0,2 nanomètres toutes les dixièmes de seconde. Avec le microscope du CEMES, qui comporte quatre pointes indépendantes, il est possible de déplacer quatre molécules en même temps.

Christian Joachim a enfin résumé la première édition de la course en 2017, qui voyait concourir 6 équipes, et donné les grandes dates de la deuxième édition, qui aura lieu en mars 2022 avec 8 équipes.

En savoir plus / Dates importantes à venir

 

  • 23 novembre 2021 : Présentation en direct des équipes à Toulouse (YouTube)
  • 24-25 Mars 2022 : Nanocar Race II

Tomonobu Nakayama a ensuite pris la parole pour raconter son expérience lors de la première course et présenter la nouvelle molécule-voiture développée par son équipe au NIMS-MANA.

Il a souligné le fait que les chercheurs n’organisaient pas ce genre d’événement pour s’amuser, ou en tout cas pas uniquement : la course met en œuvre des principes physiques et chimiques encore mal compris qui pourraient aider à résoudre des enjeux contemporains : création de nanorobots pour le transport de molécules dans le corps, stockage d’énergie à l’échelle moléculaire, déconstruction atome par atome de polluants, etc.

Molécule-voiture de l'équipe NIMS-MANA

Molécule-voiture de l’équipe japonaise au NIMS-MANA. Crédits : NIMS-MANA.

Au terme de cet exposé richement illustré en schémas et en vidéos, les élèves ont pu poser leurs questions aux chercheurs.

Q : Pourquoi la Nanocar Race a-t-elle été organisée à Toulouse ?

R : Il n’existe que deux ou trois laboratoires dans le monde qui possèdent un microscope à effet tunnel à 4 pointes comme celui dont on a besoin, et celui du CEMES est actuellement le plus précis (0,002 nanomètres).

Q : Pour stabiliser les molécules-voitures, il faut une température proche du zéro absolu. Des manipulations sont-elles malgré tout possibles à température ambiante ?

R : Quelques expériences ont été réalisées à la fin des années 1990 avec une température plus élevée, mais les manipulations sont nécessairement moins précises qu’à très basse température car la chaleur de la surface va exciter la molécule de manière aléatoire ; les molécules peuvent donc se disloquer et sont aussi plus difficiles à contrôler. Une température plus élevée risque enfin d’augmenter la « pollution atomique » sur la pastille d’or, ce qui rend la conduite des nanovoitures plus hasardeuse : c’est comme s’il y avait des obstacles sur une piste de Formule 1.

Q : Quel est le but du moteur si c’est la pointe du microscope qui fait avancer la nanovoiture ?

R : Il y a plusieurs manières de faire avancer la molécule. On peut effectivement la déplacer en la poussant directement avec la pointe du microscope, mais lors de la première course les règles stipulaient que c’était interdit. L’autre façon de faire avancer la molécule, c’est par le biais d’une énergie très faible apportée par le courant tunnel qui passe entre la pointe du microscope et la surface : distribuée au bon endroit à l’intérieur de la molécule-voiture, cette énergie active le moteur moléculaire et fait bouger la nanovoiture.

Q : Pourquoi la piste est-elle en or et pas dans un autre matériau ?

R : A la surface de l’or, on trouve des sillons, des plissements naturels qui agissent comme des glissières pour les molécules-voitures et qui nous aident à les conduire. Le déplacement des nanovoitures est aussi possible sur d’autres matériaux. Sur une surface d’argent, il n’y a absolument aucun obstacle. Le silicium est un autre matériau possible une fois passivé en surface par une monocouche d’atomes d’hydrogène.

Q : Quand commencent les entraînements et les tests pour l’équipe du NIMS-MANA ?

R : Les tests ont commencé dès l’année dernière. Honnêtement, cela ne se passe pas très bien, mais en science on apprend autant, voire plus, avec des échecs. Toutes les expériences font ressortir des enseignements qui nous aident dans notre compréhension du comportement d’une seule molécule à l’échelle nanométrique sur une surface.

Q : Quel est le coût des infrastructures ? Et comment les financer ?

R : Nos microscopes à effet tunnel sont maintenant souvent conçus en France et fabriqués à l’étranger pour des questions de coût et de personnels. Même comme ça, un microscope coûte environ 400 000 euros. Celui du CEMES, qui est spécial puisqu’il a quatre pointes, coûte 1,5 million d’euros. A cela s’ajoute le coût de l’hélium liquide pour le faire tourner : on en a besoin de 7 000 litres par an… et cela coûte 32 euros le litre (en augmentation constante depuis 18 mois). Les chercheurs font face à des problèmes de financement de manière chronique. Une des façons d’obtenir de l’argent pour continuer ses travaux est de répondre à un appel à projets. Ici, la Nanocar Race est organisée dans le cadre d’un projet européen appelé MEMO (Mechanics with Molecules).

Les élèves du lycée français de Tokyo assistent à la présentation de la Nanocar Race.

Les élèves du lycée français de Tokyo assistent à la présentation de la Nanocar Race II le 12 octobre 2021. Source : LFIT.

Q : Comment fonctionne l’amplification du courant tunnel ?

R : Un convertisseur permet de convertir le courant en tension, qui est plus facilement amplifiable. On passe ainsi de 1 nanoampère à 1 volt. Mais ce processus est très lent : pour reconstituer une image de 512 lignes de 512 pixels par ligne, il faut environ 5 minutes.

Q : Est-ce qu’il y a un prix pour les gagnants ?

R : Lors de la première édition en 2017, on avait offert une sculpture en métal aux gagnants. Mais la vraie récompense, c’est de concourir tous ensemble et de voir les équipes essayer de résoudre en même temps le même problème.

Q : Combien d’atomes y a-t-il en moyenne dans une nanovoiture ?

R : Il y a une certaine « tension » entre les physiciens et les chimistes à ce sujet. Pour les physiciens, ce qui compte c’est la compréhension du fonctionnement de la nanovoiture. Si l’on s’en tient au strict minimum, c’est-à-dire à une molécule qu’on peut faire avancer sans avoir à la pousser directement avec la pointe et qui a une direction, on peut descendre à une cinquantaine d’atomes. Mais les chimistes trouveront qu’une telle molécule n’est pas « belle », qu’elle manque de quelque chose d’un point de vue esthétique. Pour la deuxième édition, on a donné comme ordre de grandeur une centaine de molécules.

Q : Est-ce que la forme de la molécule est libre ou bien faut-il absolument qu’elle ressemble à une voiture ?

R : Pendant la première édition, on avait laissé carte blanche aux équipes parce qu’il y avait de toute façon peu de concurrents en lice. La molécule suisse de la première édition, par exemple, ne ressemblait pas vraiment à une voiture. Pour la deuxième édition, il y avait beaucoup plus de candidats et on a donc été plus « stricts » sur la forme de la molécule. Les 8 nanovoitures en lice en 2022 auront toutes au moins deux roues.

Q : Est-ce qu’il y a des étudiants qui participent à la course ?

R : Lors de la première édition, un étudiant en Master 1 a piloté la nanovoiture de l’équipe américaine. A Tsukuba, il y a également un étudiant en doctorat. Avant on avait beaucoup d’étudiants internationaux, mais ce n’est plus le cas à cause de la pandémie.

Q : Peut-on envisager de réaliser la course sous un champ magnétique, pour mieux contrôler la direction ?

R : Cela demanderait des champs magnétiques énormes, et à l’heure actuelle seule une poignée de laboratoires dans le monde (dont nous ne faisons pas partie) en a les capacités mais sans utiliser de microscope à effet tunnel. L’autre problème est que cela pourrait casser les molécules. Cela rend les manipulations d’autant plus délicates.

Echanges avec les élèves du lycée français de Kyoto

Le 14 octobre, 25 élèves de seconde, première et terminale du lycée français de Kyoto, ainsi que leurs professeurs de physique, de chimie ou encore de mathématiques, ont rencontré en visio-conférence Christian Joachim et Gwenaël Rapenne, directeur de l’équipe franco-japonaise du CEMES et du NAIST. Par ailleurs, deux chercheurs du NAIST, Colin Martin et Toshio Nishino, avaient fait le déplacement au lycée.

Après avoir écouté les explications de M. Joachim, les élèves ont pu en apprendre davantage sur la nanovoiture de l’équipe franco-japonaise, présentée par Gwénaël Rapenne. L’enseignant-chercheur est revenu sur la première édition de la course à laquelle il avait déjà participé : en 2017, le design de leur nanovoiture était inadapté pour la course et l’équipe a été disqualifiée parce qu’elle a essayé de pousser la molécule au lieu de la faire avancer par excitation par le courant tunnel appliqué par la pointe du STM. L’équipe franco-japonaise a malgré tout obtenu le prix de l’élégance.

La nouvelle molécule pour la course de 2022 est conçue puis pilotée au CEMES et synthétisée au NAIST. C’est une molécule dipolaire construite sur une plateforme porphyrine. Les chercheurs espèrent qu’elle leur permettra de répondre à plusieurs questions fondamentales : est-il possible d’augmenter la vitesse en augmentant la valeur du dipôle ? Cette molécule permet-elle de transporter une charge ?

Molécule de l'équipe NAIST-CEMES

Molécule-voiture de l’équipe franco-japonaise (NAIST/CEMES). Crédits : NAIST/CEMES.

Gwénaël Rapenne a conclu sa présentation avec un ordre de grandeur qui fait réfléchir : l’humanité a produit environ 3,3 milliards de voitures macroscopiques depuis 1770. En 2020, les chercheurs de l’équipe CEMES-NAIST ont construit près de 60 milliards de milliards de « Blue Buggy », leur molécule-voiture ; en comptant tous les autres modèles, ce sont 720 milliards de milliards de nanovoitures qui ont été produits !

Les élèves ont ensuite pu échanger avec les chercheurs, à la fois avec ceux en visioconférence et ceux sur place.

Q : Y a-t-il des applications pratiques à ces recherches ?

R : Bien sûr ! Le contrôle des molécules une par une constitue la prochaine révolution scientifique pour mettre par exemple à l’épreuve la mécanique quantique avec des objets plus complexe qu’un seul photon ou quelques électrons. Il y a des applications potentielles dans les domaines de la santé, de l’énergie, de la lutte contre la pollution…

Q : Est-ce que le microscope à effet tunnel sert à autre chose que voir des atomes et des molécules ?

R : A l’origine, le microscope à effet tunnel a été inventé par IBM, dans le contexte de la miniaturisation des transistors en semiconducteur : il aurait servi à vérifier si tous les transistors fonctionnent sur une puce (et il y en a des milliards !). Et comme pour beaucoup d’inventions instrumentales, il sert aujourd’hui à beaucoup d’autres choses.

Q : Si la synthèse de la molécule est faite au Japon et la course est organisée en France, comment faites-vous pour transporter les molécules ?

R : Rien de plus simple ! Je mets la solution dans de petits flacons de 100 millilitres et je les transporte avec moi dans l’avion.

Q : Comment faire pour que les molécules des 8 équipes ne se gênent pas les unes les autres ?

R : Pendant la première édition, 4 équipes concouraient sur le même microscope, qui comportait 4 pointes différentes, tandis que 2 autres étaient contrôlées à distance sur un autre microscope. On installait les molécules à l’aide de masques sur différentes zones de la pastille d’or. C’est difficile de ne pas se gêner les uns les autres parce qu’il y a une grande variété de molécules : certaines ne font qu’une dizaine d’atomes, d’autres en ont plusieurs centaines. Elles réagissent donc de façon très différente lors de leur sublimation.

Pour la course de 2022, il y a 8 équipes. A l’heure actuelle, seul un microscope dans le monde comporte 8 pointes mais il n’est pas assez précis, donc on a choisi de faire concourir chaque équipe sur un microscope dédié. On parle dans un futur proche de développer des microscopes à 1000 pointes, ou même à un million de pointes pour par exemple fabriquer des puces électroniques atome par atome à la surface d’un semiconducteur !

Q : Ces molécules sont-elles toxiques ?

R : Elles ne sont pas toxiques en elles-mêmes mais leur mise en forme, oui. Il faut donc faire attention lors de leur manipulation et quand on doit les jeter : le plus souvent, elles sont brûlées dans un centre de traitement particulier.

Les élèves du lycée français de Kyoto assistent à la présentation sur la Nanocar Race.

Les élèves du lycée français de Kyoto assistent à la présentation de la Nanocar Race II le 14 octobre. Source : LFIK.

Q : Comment choisissez-vous les molécules ? Est-ce un choix ou bien procédez-vous par tâtonnement ?

R : On pense d’abord à la fonction : est-ce que cette molécule va jouer le rôle de châssis, de roue, etc. Ensuite, on pioche dans des briques connues. Le rôle du chimiste est surtout de trouver un moyen de réunir ensemble toutes ces fonctions sur une même molécule.

Lors de la première course, toutes les nanovoitures avaient des designs très différents. On a vu ce qui ne marchait pas, ce qui au contraire était prometteur. Ce qui fait que pour la course de 2022, les designs des molécules sont moins diversifiés, parce qu’on converge vers l’efficacité. Par exemple, toutes les nanovoitures sont passées de 4 à 2 roues, parce qu’on a compris que cela suffisait.

 Q : Est-ce qu’à terme il serait possible d’avoir un moteur moléculaire ?

R : L’inspiration du modèle macroscopique a ses limites ; c’est même exceptionnel que la matière se comporte de la même façon au niveau macro et nano. Dans notre cas, on est passés de parties mobiles apparentes à des parties mobiles intrinsèques, c’est-à-dire à des vibrations. On a aussi essayé de développer une molécule apolaire, pour voir si ce qu’on observe est bien lié au moment dipolaire.

 Q : Le matériau de la surface doit-il toujours être de l’or ?

R : La surface peut être en or, en argent, en silicium passivé, en nickel… Chaque matériau a ses avantages et ses inconvénients. On ne l’impose pas parce que cela dépend de l’expertise du laboratoire, mais de manière générale on sait très bien préparer une surface d’or.

 Q : Quel est le prix d’une nanovoiture ?

R : Il faut inclure le salaire des chercheurs, les locaux, les machines, la matière première… Cela coûte par exemple environ 120 000 euros pour obtenir 150 milligrammes de solution. Mais on a vu que pour cette quantité-là on a des milliards de milliards de molécules, donc « une » nanovoiture ne coûte finalement pas si cher ! L’avantage est aussi qu’on peut les stocker pendant longtemps et qu’on peut en avoir l’utilité pour d’autres expériences.

 Q : En quoi est-ce important de financer la recherche ?

R : Toute la recherche fondamentale ne donne pas de l’innovation, mais un grand nombre d’innovations viennent de la recherche fondamentale, même si cela prend souvent 20 ou 30 ans pour se concrétiser. C’est donc indispensable de financer la recherche, car sans elle il n’y a plus d’innovation. Pour prendre un exemple récent, si on a réussi à développer des vaccins contre la Covid-19 aussi rapidement, c’est notamment parce que les chercheurs travaillaient sur l’ARN messager depuis 25 ans. L’autre enjeu, c’est de rendre les fruits de cette recherche accessibles à tous : c’est ce qu’on appelle la science ouverte.